La route est mauvaise, la cariole est agitée de soubresauts et moi je dois m'aggriper à son bord pour ne pas être projetée vers le fond. La pluie battante me fouette le visage alors que l'eau alourdie le tissu de mes vêtements glacés. J'enfonce mes ongles dans le bois du transport, ma respiration est bruyante, j'ai peur. Il fait nuit noire, je ne peux pas voir où nous allons. Je ne peux pas voir où il m'emmène. Mon coeur bât à la chamade, des larmes dégoulinent le long de mon visage froid.
Hier, maman est morte. Cela faisait des semaines qu'elle était malade, une dernière poussée de fièvre la achevée dans son sommeil. C'est ce que mon père m'a dit. Nous avions dépensé tout l'argent qu'il restait pour de herbes médicinales et mon école. Il n'arrêtait pas de dire qu'il ne savait pas quoi faire, nous étions misérables. Je sais très bien qu'il était désespéré, maman ne faisait que lui coûter de l'argent un peu plus tous les jours. Je suis sûre que c'est lui qui a fait ça. Lorsque je suis entrée dans la chambre il était en train de retirer l'oreiller de son visage inerte. Maintenant, j'ai peur de ce qu'il va me faire à moi. Je sais que moi aussi je suis un poids pour lui, comme maman.
J'ai les yeux fermés alors que la cariole s'arrête. Mon père me tend les bras pour m'aider à descendre. Mes pieds s'enfoncent dans la boue, sa main dans mon dos me fait avancer. Je devine la silouhette d'une grande bâtisse dans la pénombre. Un sol de pierre entoure la propriété, une femme se tient là, droite et vêtue comme une dame. Mon père me pousse vers l'étrangère, elle m'aggripe le bras d'une poigne de fer et m'oblige à la suivre d'un pas rapide vers la grande maison.
J'ai la tête qui tourne, je regarde en arrière avec des yeux paniqués. Un homme est en train de donner quelque chose à mon père, lui il s'incline en geste de remerciement. Il a reçu de l'argent pour m'avoir emmenée ici. J'essaye de repousser la femme, je crie à l'attention de mon père, mes larmes brûlent mon visage glacé alors que je tombe au sol en tendant la main vers l'homme qui m'a élevée. Il détourne les yeux avant de s'en aller, mes cris percants chargés de sanglots l'accompagnent jusqu'à ce que la cariole ne soit plus dans mon champs de vision. La femme me relève violemment en agrippant mon col et me dit quelque chose sans que je puisse comprendre. Je me souviens juste de son visage indigné et de ses yeux méprisants posés sur moi.

Les filles sont alignées les unes à côté des autres, moi je suis au bout de la file. Nous portons toutes la même longue chemise grise et nos cheveux sont noués en une simple natte. Les deux femmes ressemblent à des nobles, elles sont belles et portent des couleurs vives. Elles nous regardent d'un mauvais oeil et nous dévisagent sans gêne. Une d'entres elles prononce des noms, les filles appelées ont le droit d'entrer dans la partie interdite de la maison. La femme pose son regard sur moi, je sanglote. Depuis que je suis arrivée il y a deux jours je n'ai pas arrêté de pleurer, ça ma déjà valu un seau d'eau glacé jeté au visage et des coups mais je n'arrive pas à m'en empêcher. Elle me gifle violemment ce qui me projette à terre. Moi, je lui adresse un regard noir. Elle se rit de moi et me dit que je serais la seule à rejoindre les servantes.
La femme s'en va, je suis seule, assise sur le sol les yeux regardant dans le vide. Je ne sais toujours pas ce qui m'arrive. J'entends des bruits, je relève la tête et vois une inconnue me tendre la main. La femme est jeune, un peu dodue, son regard est stricte mais doux à la fois. Elle ne me veut pas de mal. Je prends sa main et me relève. Rapidement, elle m'explique la place que je vais occuper ici et les tâches que je vais devoir faire. Moi je dois aider les servantes et faire ce dont elles n'ont pas le temps de s'occuper. Je n'ai pas le droit de me montrer aux Gisaengs, je dois rester en cuisine et dans les parties reservées aux domestiques. Je comprends alors que je suis une esclave.

Je suis en train de frotter le sol avec énergie malgré mon visage fatigué. Il est tard, les autres sont allées dormir depuis longtemps maintenant. A genoux par terre, je lâche ma brosse un moment afin de m'étirer. Je suis en train de bailler lorsque les deux Gisaengs entrent en trombe. Paniquée, je me jette sur ma brosse afin de continuer à frotter. Elles semblent ne pas m'accorder d'importance. L'une d'entres elles est en larme, elle tient un magnifique vêtement dans ses mains. Un noble qui aime beaucoup venir ici l'a offert à une des Gisaengs les plus demandées. Il voudra probablement qu'elle le porte lors de sa prochaine venue. Et cette fille, elle l'a déchirée en voulant l'essayer en cachette. J'écoute en faisant comme si de rien était. L'autre essaye de la calmer en vain jusqu'à ce que son regard se pose sur moi.
Elle me fait comprendre que c'est de ma faute, que je ne devrais pas toucher aux affaires des Gisaengs. La véritable fautive retrouve le sourire et me jette le vêtement au visage en me conseillant d'aller présenter mes excuses dès demain. Elles se mettent à rire toutes les deux et s'en vont rapidement en me laissant seule chargée de leur responsabilité.
Je prends mon visage dans mes mains en essayant de me calmer. J'examine la déchirure et la couture intacte. J'inspire profondémment, me relève et me dirige vers la salle de couture d'un pas décidé. Je n'ai pas le droit d'y entrer mais à cette heure-ci il ne devrait y avoir personne.
Je ferme doucement la porte derrière moi, et je me mets au travail. Ces idiotes ne le savent pas mais je racommode toutes les tenues des servantes et les vieux vêtements des Gisaengs. Je suis douée, on me l'a toujours dit. Je prends mon temps tout en ayant un bon rythme. Je dois finir avant que le soleil ne se lève. Mes mains me font mal et suent, j'ai peur de tâcher le tissu mais je continue soigneusement en faisant attention à chacun de mes gestes.
J'ai fini. J'observe le travail achevé avec contentement, elle ne devrait rien remarquer. Silencieusement, je monte les escaliers en posant prudemment mes pieds sur les marches. Je sursaute à chaque grincement et essaye d'avoir le pas le plus légé possible. Je retiens ma respiration en ouvrant la porte de sa chambre. J'ai peur de la réveiller, mon coeur bat à cent à l'heure alors que j'entre dans la pièce. Il fait noir, je vois à peine ce qui m'entoure. Je cligne des yeux en me mordant les lèvres. Tout en essayant de me calmer je me dirige vers l'endroit où elle accroche ses plus beaux vêtements. Je pends la pièce que je viens de réparer avec soin et je m'eclipse rapidement en soupirant.

Le soulagement me quitte vite lorsque, le lendemain, une servante m'annonce que la Gisaeng souhaite me voir. Durant toutes les années que j'ai passées dans cette maison il n'est jamais rien arrivé de tel, elle sait tout... j'en suis sûre. Les jambes tramblantes je monte une nouvelle fois ces escaliers. Des larmes perlent déjà aux coins de mes yeux alors que j'atteins la porte. Je me demande ce qui va m'arriver en la poussant.
Elle est là, assise tranquillement, mon coeur s'arrête. Je me présente devant elle en gardant la tête baissée. Elle me dit de la regarder dans les yeux, je m'exécute et... surprise, je la vois me sourire. Elle me dit que son client la trouvée magnifique dans le vêtement qu'il lui a offert et m'annonce qu'elle a réussit à le convaincre de m'acheter. Il vit au palais, j'irai donc désormais travailler là-bas. Bien sûr, la vieille Gisaeng qui dirige la maison n'est pas très contente mais n'ose pas dire non à un client si important. La femme me dit que je peux disposer en m'offrant un dernier sourire. Alors que je franchis le pas de la porte, je l'entends murmurer un bonne chance. En mon fort intérieur je la remercie, et j'inspire profondément en m'en allant vers ma nouvelle vie.

Félicitations à toi, tu es enfin validé(e) ! Maintenant il ne te reste plus qu'à aller faire ta fiche de liens et commencer à RP ! Nous te souhaitons la bienvenue à Joseon et si tu as la moindre question n'hésites pas à contacter un membre du staff !

Eh bien eh bien ! Tu est allée vite pour faire ça, nous n'avons même pas eu le temps de te souhaiter la bienvenue ni même de te voir débarquer que tu as déjà tout terminé ! En tout cas je te souhaite la BIENVENUE sur Jody et j'espère que tu te plairas ici parmi nous, que tu seras autant inspirée que pour ta fiche qui fut un plaisir à lire ! J'adore quand on m'écrit des romans Et voilà tu peux d'ores et déjà aller te trouver des liens et commencer à rp, d'ailleurs je viendrais te demander des liens avec mes deux comptes !